28 mars 2014

Lutter contre le décrochage en CFA

Information transmise du National par Delphine BUREAU

Nord-Pas-de-Calais : quatre CFA engagent des travailleurs sociaux pour lutter contre le décrochage des apprentis

Quatre CFA du Nord-Pas-de-Calais vont renforcer l'accompagnement social de leurs apprentis dans l'espoir de réduire le taux de rupture de contrats : ils participent de mars à décembre 2014 à une expérimentation voulue par les pouvoirs publics. "La Direccte nous a accordé 220 000 euros pour financer l'intervention d'éducateurs spécialisés ou de travailleurs sociaux dans les CFA", indique Christophe Pitch, vice-président de région (PS) en charge de l'apprentissage. Ces professionnels suivront vingt apprentis au maximum. "Notre but est de dégager des bonnes pratiques pour modéliser une prise en charge de ces situations de décrochage", souligne Yvon Papeghin, responsable pédagogique du CFA de la chambre de métiers et de l'artisanat.
"L'image de l'apprentissage a beaucoup changé mais il nous reste à lutter contre le décrochage, qui atteint 25 % en moyenne nationale", estime mardi 25 mars 2014 Christophe Pilch, vice-président du conseil régional (PS) en charge de l'apprentissage. La sécurisation du parcours des apprentis fait l'objet d'une expérimentation menée par l'État en 2013-2014 : chaque région dispose d'un financement pour conduire des expérimentations dans des CFA volontaires. Le Nord-Pas-de-Calais a ainsi reçu de la Direccte 220 000 euros correspondant à onze "forfaits" de 20 000 euros : ces forfaits servent à recruter un éducateur spécialisé ou un travailleur social pour accompagner une vingtaine d'apprentis.
La région et la Direccte ont repéré quatre CFA, marqués par un taux de rupture de contrats élevé, en raison notamment des publics accueillis : des jeunes avec des bas niveaux de qualification et des problématiques sociales importantes. Ces CFA se sont réunis pour la première fois le 8 mars dernier afin de valider la démarche : il s'agit du CFA du BTP (bâtiment), du CFA de Douai (horticulture et agriculture), de l'Institut professionnel Saint-Louis (bâtiment, hôtellerie, restauration, etc.), et du CFA de la chambre de métiers et de l'artisanat (qui prépare à de nombreux métiers). "Chaque CFA fera un suivi très précis de ses actions, l'objectif étant de mettre en place une politique régionale sur le sujet en 2015", souligne Christophe Pilch.

DES "POINTS ÉCOUTES" CONFIDENTIELS

Le CFA de la chambre de métiers et de l'artisanat a recruté cinq professionnels du travail social à temps plein pour accompagner une centaine de jeunes – sur 4 700 apprentis. Ces "intervenants sociaux" animent des "points écoute" dans les dix antennes du CFA et "un point écoute en ligne" sur l'intranet. "Ils repèrent des difficultés relatives à la santé, au logement, aux transports, et établissent avec l'apprenti un plan d'actions", explique Yvon Papeghin, directeur adjoint et responsable pédagogique du CFA de la chambre de métiers et de l'artisanat Nord-Pas-de-Calais. "Ils font aussi de la médiation quand les difficultés tiennent à la vie en entreprise : parfois des petits litiges avec le chef d'entreprise ou les autres salariés peuvent amener au décrochage", observe-t-il. Si le métier ne correspond pas aux attentes de l'apprenti, une réorientation pourra aussi être envisagée. "Nous allons tout faire pour maintenir l'apprenti en formation et l'aider à trouver un nouveau contrat", s'engage Yvon Papeghin.

Cette expérimentation pourrait voir émerger un "nouveau métier" dans les CFA. "Nous avons besoin pour ce type d'actions de travailleurs sociaux qui ont une connaissance du monde de la formation et des entreprises : ils doivent être capable de dialoguer avec le chef d'entreprise et de travailler sur le projet professionnel du jeune apprenti", développe Yvon Papeghin.

Le conseil régional a par ailleurs demandé à un institut de recherche de l'université Lille-I - le Clersé (Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques) - de mener une étude annuelle sur les ruptures de contrats d'apprentissage et les parcours des apprentis. "Nous avons besoin d'une analyse plus fine au niveau régional pour mener notre politique", estime en effet Christophe Pilch.